artistes en résidence
résidence d'artistes à Essaouira 2024
Aurélien Citoleux, peintre et Arnaud Legrand, musicien sont accueillis à Essaouira du 10 au 25 mai 2024 en résidence de création par les membres de l'association culturelle Dar Souiri - Essaouira Mogador, madame Katia Azoulay et son époux André Azoulay, qui en est le président fondateur et monsieur le Maire d'Essaouira, Tarik Ottmani.
« Le premier choc visuel, fût à mon mon arrivée, le port et son architecture de mâtures, bleues mogador, les visages burinés des anciens, les félins alanguis et photogéniques... et ce vent, tellement présent, imposant aux nuées de mouettes une lutte violente d'avec les embruns.
Ballet fascinant que j'ai tenté de saisir à 2 ou 3 reprises sur le papier, augurant de ce qu'allait être ma pratique artistique durant ce séjour...
Peindre dans l'urgence, de peur d'oublier l'essentiel, saisir la furtivité du beau, car il s'agit de cela avant tout, ce beau si cher à Schiller dans son traité d'esthétique, et auquel au quotidien, on passe à côté sans en saisir la nécessité, ni la profondeur...
Peindre dans l'urgence, à l'instar d'un Delacroix, saisissant sur le vif dans ses carnets, tigres, lion, odalisques intimes et autres cavaliers... Toutes les oeuvres que j'ai produites, sur place ont été réalisées "alla prima", sans dessin préparatoire, ni repentir.
A Essaouira, chaque ruelle, chaque pas de porte, chaque rencontre, porte en secret, un potentiel esthétique inouï... Essaouira, c'est un condensé du génie marocain.
La nature y est épurée, sans atours séducteurs, ni superfus, la lumière clinique, voire existentialiste, impose au lieu une radicalité esthétique à laquelle nulle forme n'échappe. »
Aurélien Citoleux
« La vague séculaire se brise sur le roc atlantique des fortifcations de l’ancienne Mogador, rebattue par des alizés aussi roides que les hommes d’ici sont doux. A l’instar du Maquam Saba qui inspire la tristesse, l’horloge sonne en seconde mineure, les chats oisifs et abondants vous méditent du regard, les charrettes à bras chargées d’eau claire sont du bleu limpide de nos cieux azuréens, les muezzins verticaux instaurent un silence à volume saturé de haut-parleurs, et la neuve Essaouira en son Royaume Marocain prévient l’étranger qui lui hasarde une oeillade : « Tu voudrais soulever le voile Étranger ? Mais sache que si je suis flle de Vauban et femme de Sultan, il ne faudrait pas t’y tromper voyageur, je suis avant toute chose une fère et farouche Africaine ! ».
Voici un petit paragraphe d’introduction à la manière un brin désuète des carnets de voyage d’antan inspirés par Chateaubriand, Loti et Kipling ou l’un des beaux et inimitables Sonnets du Liban d’un Germain Nouveau. »
Arnaud Legrand
Arnaud Legrand photographié devant le portrait de Orson Welles
En 1949 Orson Welles débarque dans cette cité nommée Mogador alors sous protectorat français, en vue d’adapter Othello, pièce de Shakespeare.
Sauf que rien ne se passe comme prévu, d'autant que le producteur italien Scalera annonce après quelques jours de tournage qu'il a fait faillite ! Commence alors un combat de trois années pour terminer son chef d'oeuvre sans argent, seulement avec les caméras et la pellicule qu'il a apportées et grâce à l'hospitalité de ses habitants.
Orson Welles trouve une aide inestimable auprès de toute la population. C'est sur les remparts, Sqala de la Kasba, gigantesque batterie armée de canons portugais pointés vers l'Océan, que Welles tournera les plus beaux plans de son flm. Les habitants l'assistent en faisant office de figurants dans son flm. Des hallebardiers, armées habillées d'armures faites de boites à sardines cousues entre elles... par les artisans de la ville.
Dans le quartier juif il trouve les tailleurs qui vont refaire les costumes restés bloqués à Rome d'après les modèles à l'identique.
Tourné sans producteur et présenté au Festival de Cannes en 1952 sous la bannière du Royaume du Maroc, « Othello » recevra le Grand Prix.
« Nous avons été, mon confrère peintre Aurélien Citoleux et moi-même, accueillis avec une grande gentillesse par l’ensemble des acteurs de l’association Dar Souiri qui nous recevait, ce dont je les remercie ici chaleureusement ».
« Un programme très complet de découverte de la Ville d’Essaouira nous a été proposé, il ne nous restait plus qu’à provoquer l’immersion curieuse et studieuse dans nos propres sujets et champs d’études respectifs.
Pour ma part, dans les domaines musicologiques et organologiques, j’ai tiré, chemin faisant, chacun des fils qui m’était tendu et suis donc allé à la rencontre de musiciens, certes, mais aussi des acteurs culturels de la ville, des artisans, des commerces, des artistes de rue, des personnes que l’on me désigna - à tort comme à raison - comme les dépositaires de l’histoire de la ville. Bref, j’ai poussé des portes et pris le parti d’une lecture toute personnelle et artistique du « Rythme de la Ville d’Essaouira. »
A. L.
Composition originale de Arnaud Legrand
Arnaud avec le musicien Maâlem Omar HAYAT dans son magasin.
Arnaud chez Elmahjoub LAQTIB, marchand d'instruments.
Arnaud chez Mohamed OUAKRIM, fabricant d'instruments.
Abdessamad EL BOUAITAOUI guitariste et Rachid AYAR violoniste
« Musicalement parlant, les pôles autours desquels se sont articulés mon « Carnet de Voyage » lors de ce séjour artistique résidentiel furent les musiques Gnawa et Arabo-Andalouse qui cohabitent en ce lieu précis du Maroc. En amont, j’avais d’ores et déjà étudié ces sujets et cet échange culturel in situ m’a permis d’aller plus avant dans la compréhension de la pratique de ces idiomes musicaux et ainsi d’enrichir mes connaissances. »
A.L.
Quelques images de nos deux artistes, Arnaud et Aurélien, dans les boutiques
Le film du séjour
réalisé par Frédéric Lamasse